Donatella Foletti
- Soziologin
Nach der Rückkehr
Les défenseurs des droits humains colombiens que PBI acompagne travaillent à un rythme acharné et sous une continuelle pression et inquiétude d’un possible danger à venir. Ils et elles réalisent leur travail avec passion et conviction, même si les circonstances sont telles que l'on ne peut que se demander où ils/elles trouvent la force de continuer après toutes ces années de persécution. Tous/tes ont un frère assassiné, un mari disparu, un enfant en prison ou un parent en exil. Chacun-e a son histoire personnelle liée à la violence. Leur force de caractère, leur moral et leur humour sont impressionants. Plus on en apprend sur le conflit colombien, plus ça devient difficile à croire, tellement les injustices et les violations sont aberrantes. Les protestations des défenseur-euse-s sont incessamment criminalisées, alors qu’ils/elles demandent simplement le respect de droits fondamentaux comme par exemple la liberté d’expression.
Ces défenseur-euse-s résistent malgré tout car il s’agit de leur lutte, de leur pays, de leur peuple, de leur famille. La peur paralyse, mais s’arrêter reviendrait à envoyer le message aux agresseurs qu’ils ont gagné, c’est donc impensable. PBI permet, dans bien des cas, aux défenseur-euse-s colombien-ne-s de continuer à réaliser leur travail au quotidien. PBI, de par sa structure horizontale, se heurte parfois à une certaine lenteur dans la prise de décisions et quelques frustrations peuvent survenir au niveau interne. On aimerait pouvoir faire plus, plus rapidement. Mais ces limites, tout comme la non-ingérence qui est un des principes fondamentaux de PBI, nous permettent justement de réaliser tout un travail de lobbying et de protection. Seuls les nationaux peuvent faire ce travail herculéen qu’est celui de construire la paix, et nous les internationaux, pouvons accompagner ce processus. Et cet espace où nous pouvons agir, apporter de notre solidarité, mettre notre grain de sel, est fondamental pour bien des défenseur-euse-s.
Quitter ce projet alors que la situation semble encore une fois s’empirer (menaces contre Abelardo Sánchez Serrano de l'organisation CREDHOS en janvier 2012) n’est pas évident. Et l’image d’une Colombie soit disant pacifiée que veut donner le gouvernement colombien actuel à l’extérieur pour permettre les inversions étrangères, surtout dans le secteur minier, ne présage rien de bon. Tout dans cette guerre reste malheureusement économique et territorial. Mon idée est donc de me dire que chaque lutte, petite ou grande, en vaut la peine et que chacun-e à sa manière et où qu’il/elle soit, a le pouvoir de travailler dans le sens de plus de justice sociale.
Pour conclure, voici une citation d’Abelardo Sánchez que j’aime beaucoup et qui illustre cette idée de continuité de la lutte pour les droits humains: « Une Barrancabermeja sans CREDHOS, s’est comme une Barrancabermeja sans chaleur : impensable ». (Barrancabermeja est connue dans toute la Colombie comme «le four». La température descend rarement en dessous de 35 y compris la nuit).
Vor der Abreise
Dès janvier 2011, je m'envolerai pour la Colombie afin d'intégrer l'équipe de Barrancabermeja, ville pétrolière du Magdalena Medio qui a une longue tradition de lutte sociale et ouvrière. Je me réjouis beaucoup de cette nouvelle expérience qui sera certainement très riche humainement et professionnellement. Grâce à ses nombreuses années de présence sur le terrain et son principe de non-ingérence, PBI Colombie a su tisser un lien de confiance fort avec les personnes des organisations accompagnées. Je trouve très intéressant la manière horizontale de travailler de PBI et pense pouvoir apprendre beaucoup par la recherche du consensus, procédé qui implique et rend chaque volontaire responsable dans les prises de décision. Je suis heureuse de pouvoir bientôt contribuer à mon niveau à la poursuite de cette belle collaboration qui a pour objectif le respect des droits humains fondamentaux et la construction d'une issue pacifique au conflit.