Au terme d'un plaidoyer soutenu des organisations de la société civile, le Conseil des droits de l'homme a adopté une résolution prolongeant le mandat du groupe d'experts des droits de l'homme sur le Nicaragua pour deux années supplémentaires.
Lors de la 52è session du Conseil des droits de l'homme à Genève, la dégradation de la situation des droits humains au Nicaragua a été discutée lors de dialogues interactifs avec le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme et le Groupe d'experts sur le Nicaragua. Les forces de l’Etat répriment systématiquement les droits fondamentaux des opposants réels et supposés du gouvernement dans le but de maintenir et renforcer le pouvoir, et d’éliminer toute contestation et dissidence. Exécutions extrajudiciaires, arrestations arbitraires et torture ont été perpétrés en toute impunité par les forces de sécurité du gouvernement ainsi que par des milices pro-gouvernementales. Depuis 2018, l’Etat a promulgué des lois qui limitent et criminalisent certains droits fondamentaux. En conséquence, plus de 300 ONG ont dû fermer, presque tous les médias indépendants opèrent depuis l’étranger, et les partis politiques d’oppositions sont victimes d’intimidations et criminalisés. Dans son rapport, le Groupe d’experts conclut que les violations, abus et crimes documentés remplissent la définition de crimes contre l’humanité.
Une campagne victorieuse
Dans ce contexte, la 52è session du Conseil des droits de l’homme a été d’une importance primordiale pour les personnes défenseuses des droits humains nicaraguayennes et pour la société civile qui a mené un plaidoyer soutenu. Après avoir entendu l’exposé du Groupe d’experts, les membres du Conseil ont voté en faveur d'une résolution permettant de proroger le mandat du Groupe d'experts des droits de l'homme sur le Nicaragua pour deux années supplémentaires, en renforçant l'accent mis sur les populations autochtones et de descendance africaine, la question des représailles et les prisonniers politiques.
Plaidoyer du défenseur Juan Carlos Arce de Nicaragua Nunca Más
Juan Carlos Arce, avocat et membre du collectif actif dans la protection des droits humains Nicaragua Nunca Más était présent à Genève. Ce défenseur des droits humains est soutenu par le projet de PBI Nicaragua et avait notamment participé à un speaking tour semi-virtuel de PBI à la fin 2021. Il nous a fait part de sa satisfaction à propos du travail du Groupe d'experts et a souligné l'importance du travail de ce dernier:
«La présentation du rapport sur le Nicaragua par le Groupe d'experts a été un moment fort pour moi et pour le collectif Nicaragua Nunca Más. Nous avons trouvé que le rapport était très fort et percutant, qu'il ouvrait de nouvelles voies dans la recherche de la justice. [...] Le contenu de ces rapports est l'expression tangible de tout le suivi et la surveillance effectués par le Haut-Commissariat aux droits de l'homme au Panama, car comme nous le savons, le régime nicaraguayen n'autorise pas l'entrée du Groupe d'experts sur son sol. Il est très important que cette surveillance se poursuive et que le Conseil des droits de l'homme continue à être informé de la situation au Nicaragua qui, après presque cinq ans de crise, s'aggrave encore de jour en jour.»
Juan Carlos a également partagé certaines de ses attentes suite au Conseil des droits de l'homme:
«Je pense que ma plus grande attente est que la communauté internationale soit capable de se montrer à la hauteur des conclusions présentées dans ce rapport, qu'elle réagisse aux crimes commis par le biais de la compétence universelle ou par d'autres moyens afin de garantir que la quête de justice, de vérité et de réparation que les mères réclament devienne une réalité.»
Plus d'informations:
- HRC52: PBI au Conseil des droits de l'homme, PBI Suisse, 04.04.2023
- Nicaragua: il faut maintenir la pression internationale en faveur des droits humains, PBI Suisse, 30.01.2023
- Speaking tour: tournée en Suisse de défenseur·x·euse·s des droits humains du Nicaragua, PBI Suisse, 18.11.2021