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Honduras: bilan du webinaire sur la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysan∙ne∙s

Honduras: Bilan du webinaire sur la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysan∙ne∙s
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Quelle est la situation des communautés paysannes au Honduras? Quel est l'impact de la pandémie sur leur quotidien? Le webinaire organisé par PBI le 15 octobre 2020 a tenté de répondre à ces deux questions, en soulignant le rôle que peut jouer la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales.

Discrimination des peuples autochtones

La pandémie du Covid-19 a eu un impact direct sur les droits des paysannes et paysans du Honduras. Les conflits territoriaux se sont multiplié dus à la pression des entreprises qui veulent imposer des mégaprojets, comme par exemple des barrages hydroélectriques. L’opposition des communautés autochtones et la réponse du gouvernement hondurien entraîne une militarisation des zones rurales. Les mégaprojets sont présentés par le gouvernement comme une solution pour sortir de la crise économique générée par la pandémie. Or, selon Andrea Regina Pineda, ces projets ne font que favoriser l'élite politique et commerciale, et ignorent les droits et les demandes des communautés autochtones. Ils sont mis en œuvre sans respecter le consentement libre préalable et informé des communautés autochtones, tel que le requiert la Convention 169 de l’Organisation Internationale du travail. De nombreux défenseurs.euses des droits humains ont été criminalisé-e-s, voire emprisonné.e.s, alors qu'ils ne cherchaient qu'à défendre leurs rivières et les droits de leurs communautés. PBI ainsi que de nombreuses autres ONG ont dénoncé ces attaques contre les personnes défenseuses de la terre et du territoire au Honduras.

«De nombreux∙euses camarades ont été criminalisé∙e∙s, ont été attaqué∙e∙s par des officiers militaires. Les mesures contre la pandémie ont rendu difficile aux ONG l'accès aux zones de conflit afin de vérifier ce qui s'y passe.»  - Andrea Regina Pineda

La révision de la loi hondurienne préoccupe fortement les défenseurs.euses des droits humains. En particulier, le nouveau code pénal hondurien n'est de loin pas à la hauteur des espoirs des défenseurs∙euses. Il n’inclut pas de mesures visant à améliorer l’accès à la justice des femmes et peuples autochtones et paysannes. La criminalisation du droit à la manifestation et la liberté d’expression, ainsi que la réduction des peines pénales pour des cas de corruption et narcotrafic, sont également d'autres lacunes de ce nouveau code pénal.

Déclaration des droits des paysans dans les zones rurales

La Déclaration des droits des paysans dans les zones rurales, telle que présentée par Andrea Nuila et Benjamin Müller, pourrait améliorer la situation des communautés paysannes du Honduras si elle est mise en œuvre. Après 15 ans de négociations, la Déclaration a finalement été adoptée en 2018 par l'Assemblée générale des Nations unies (Honduras s'est abstenu de voter pour l’instrument). Elle inclut le droit des communautés paysannes à défendre leurs droits humains (art.8 de la Déclaration) et fait référence à des sujets tels que les droits des femmes dans les zones rurales, le principe de non-discrimination, le droit à une vie adéquate, la protection de la biodiversité, le droit à la terre, etc.

La Déclaration est un instrument de droit non contraignant et ne prévoit donc aucune obligation juridique. L'objectif est de créer un document de référence internationale qui permettrait de faciliter le dialogue entre les gouvernements et les communautés rurales. Les tribunaux pourront utiliser la déclaration pour interpréter la loi, et ainsi reconnaître les droits des paysan∙ne∙s.

PBI, en collaboration avec les organisations de défense des droits humains accompagnées sur le terrain, continuera de s’engager activement pour le respect des droits des paysan∙ne∙s.

Intervenant∙e∙s

  • Andrea Regina Pineda: avocate au sein du Centro Hondureño de Promoción para el Desarollo Comunitario (CEHPRODEC)
  • María Felicita López: défenseuse autochtone de la terre et du territoire au sein du Movimiento Independiente Indígena Lenca de La Paz, Honduras (MILPAH).
  • Franklin Mauricio Almendares Álvarez: coordinateur général de la Central Nacional de Trabajadores del Campo (CNTC)
  • Andrea Nuila: Coordinatrice du secrétariat de FIAN International sur le travail sur la Déclaration de l’ONU sur les droits des paysans
  • Michelle Zufferey: Secrétaire permanente de Uniterre
  • Benjamin Müller: Chef adjoint de la section politique des droits humains au sein du Département des affaires étrangères de la Suisse (DFAE)

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