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Suisse/Honduras : Entretien avec une journaliste menacée

Suisse/Honduras : Entretien avec une journaliste menacée
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Dina Meza, journaliste indépendante et défenseuse des droits humains hondurienne était en Suisse du 5 au 9 décembre 2015. PBI Suisse a profité de sa visite pour s’entretenir avec elle de la situation au Honduras et des changements concrets apportés par la présence des volontaires PBI à ses côtés.

PBI Suisse : Dans quelles conditions travaillent les activistes des droits humains, et en particulier les journalistes, au Honduras ?

Dina Meza : Nous travaillons dans une insécurité constante. Les menaces et le harcèlement prennent diverses formes, la plus cruelle d’entre elles étant l’assassinat de journalistes et de défenseurs des droits humains.

Qu’est-ce qui vous a poussée à solliciter l’accompagnement de PBI ?

Il y a quelques années j’ai subi de nombreuses menaces et harcèlements ainsi que des agressions en raison de mon statut de journaliste et défenseuse des droits humains. J’ai dénoncé ces attaques au Ministère public mais n’ai obtenu aucune réponse. Il y un manque de volonté de la part des institutions par rapport à leur responsabilité de protéger les défenseurs des droits humains. C’est ce qui m’a poussée à me tourner vers PBI et à demander leur soutien.

Qu’est-ce que la présence des volontaires PBI à vos côtés a changé dans votre vie ?

Leur présence est vitale. L’équipe au Honduras a un impact à de nombreux niveaux. Pour moi, dans ma situation particulière, l’accompagnement a été très important. Ils m’ont soutenue pour que je puisse continuer mon travail en tant que défenseuse des droits humains mais aussi en tant que journaliste. L’équipe de PBI était là pendant les moments difficiles.

Pour ma famille, la présence de PBI est aussi d’un grand soutien. Mes fils sont très dépendants de cet accompagnement. Cela me permet de respirer car les attaques les plus fortes ont diminué depuis que PBI m’accompagne. Lorsqu’une organisation internationale qui bénéficie d’un grand prestige comme PBI réalise un tel accompagnement, cela envoie un message aux persécuteurs « les défenseurs qui sont accompagnés ne sont pas seuls ».

Concrètement, à quoi ressemble votre quotidien maintenant que PBI est à vos côtés ?

Normalement, je me mets d’accord avec les volontaires PBI sur mon agenda de la semaine, sur les accompagnements qu’ils vont me fournir. Je sélectionne les évènements pour lesquels je nécessite un accompagnement, par exemple une conférence de presse, un forum, une rencontre avec des victimes que je suis ou même simplement un café avec un contact. La présence des volontaires PBI a un effet dissuasif sur les possibles attaques qui pourraient avoir lieu. Il ne faut jamais baisser la garde et être toujours conscient des risques. La plupart des gens ne s’imaginent pas les risques auxquels je suis exposée, surtout dans le journalisme d’investigation.

Par exemple, en juillet de cette année, une centaine d’étudiants étaient retenus par la police à l’intérieur de l’Université autonome du Honduras. J’ai demandé à l’équipe de PBI de m’accompagner sur les lieux. Bien sûr, les volontaires PBI sont restés à l’extérieur (ndlr : parmi ses principes fondateurs, PBI a la non-ingérence et ne s’immisce donc pas dans les affaires d’un pays) mais leur présence a pu être ressentie parce que les gens savaient qu’ils étaient là. Je suis entrée dans l’université et avec d’autres défenseurs nous avons réussi à faire sortir les étudiants car il s’agissait d’une détention illégale.

Mais l’accompagnement de PBI ne s’arrête pas là : les volontaires font également de nombreuses analyses de risques. Ils publient aussi des bulletins thématiques, ce qui est très important car ça envoie le message qu’il existe une surveillance au niveau local mais aussi international sur ce qu'il se passe au Honduras.

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