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Criminalisation de Carlos Choc: les rapporteurs spéciaux de l’ONU demandent un réexamen des accusations

Carlos Choc
Emiliana

Fin 2023, des rapporteurs spéciaux de l’ONU ont exprimé, à travers trois lettres distinctes, leur vive préoccupation face à la criminalisation persistante du journaliste maya Q’eqchi’ Carlos Choc. Depuis son reportage sur la mine de nickel Fénix au Guatemala, le journaliste fait l’objet de diverses procédures judiciaires dont la légitimité est remise en question par les rapporteurs spéciaux.

La mine de nickel Fénix fait l’objet de controverses depuis des années en raison d’accusations de violations des droits humains et de pollution de l’environnement. Carlos Choc, un journaliste maya Q'eqchi', a enquêté sur les protestations et est depuis considéré comme un criminel. Dans trois lettres officielles adressées aux gouvernements suisse, guatémaltèque et maltais, ainsi qu’au Solway Investment Group basé en Suisse, Solway Holding, Ltd, Compañía Guatemalteca de Níquel SA (CGN) et à la Compañía Procesadora de Níquel de Izabal SA (PRONICO), les rapporteurs spéciaux Irene Khan (liberté d'expression et d’opinion), David R. Boyd (droits humains et environnement), Mary Lawlor (défenseurs·euses des droits humains), Francisco Cali Tzay (droits des peuples autochtones), Marcos A. Orellana (substances toxiques et droits humains) et Damilola S. Olawuyi (du Groupe de travail entreprises et droits humains) demandent que l'on vérifie si les poursuites judiciaires à l’encontre de Carlos Choc sont justifiées.

Déjà sept années de criminalisation

En 2017, Carlos Choc a filmé les manifestations de pêcheurs autochtones protestant contre la pollution environnementale générée par la mine de nickel Fénix. Sur l'un de ses enregistrements, on peut voir un pêcheur tué par la police. Cette dernière a nié les faits. Par la suite, Carlos Choc a fait l'objet de multiples intimidations téléphoniques, et en août 2017, il a été inculpé de plusieurs délits non étayés par des preuves solides. Malgré cela, les accusations et les actes d'intimidation persistent jusqu'à aujourd'hui, et une nouvelle procédure judiciaire a été engagée contre lui en 2022.

Les rapporteurs spéciaux de l'ONU réclament transparence et explications

Dans trois lettres adressées, les Rapporteurs spéciaux de l'ONU ont exprimé leur vive préoccupation quant à la persistance de la criminalisation du journaliste ainsi que la brutalité des forces de l’ordre lors des manifestations. Ils exigent notamment des éclaircissements sur « la base juridique des accusations de "détention illégale" et "d'incitation à commettre un crime" portées contre M. Carlos Ernesto Choc Chub, cette dernière étant désormais abandonnée ».

La Suisse est également impliquée dans cette affaire, puisque le Solway Investment Group a son siège en Suisse et ses filiales CGN et Pronico exploitent la mine controversée. Le gouvernement suisse a répondu aux rapporteurs spéciaux en affirmant : « La Suisse n'a pas de base légale pour contrôler les activités de Solway et de ses filiales en dehors du territoire suisse ». Toutefois, le SECO et le DFAE sont « en dialogue critique régulier avec la société Solway concernant l'impact de ses opérations minières ».

PBI Suisse soutient pleinement les demandes des rapporteurs spéciaux, exigeant une enquête approfondie sur les allégations et incitant les gouvernements et les entreprises concernées à prendre en compte les préoccupations environnementales et à respecter les normes en matière de droits humains dans le cadre de la controverse entourant la mine de nickel de Fénix. PBI souligne l'importance cruciale de respecter les droits des peuples autochtones, d'encourager le dialogue et de veiller à ce que les entreprises soient tenues responsables, dans la quête d'un environnement sûr, propre et durable pour toutes et pour tous.

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