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Speaking tour de deux défenseurs·euses guatémaltèques

Luis Pacheco, Lourdes Willis Gómez et Bernardo Caal devant les Nations Unies à Genève
Eva

Dans le cadre d’un speaking tour co-organisé par PBI, Bernardo Caal Xol et Lourdes Gómez Willis se sont rendus en Suisse début mars. Les deux défenseurs·euses autochtones guatémaltèques ont participé à la 55e session du Conseil des droits de l’homme, où ils ont pu exprimer leurs préoccupations face à la situation des personnes défenseuses dans leur pays. 

Le Guatemala connaît actuellement une période empreinte d’espoir, suite à la prise de pouvoir en janvier 2024 de Bernardo Arévalo, candidat vainqueur des élections d’août 2023 et qui représente le mouvement Semilla avec un discours anti-corruption et démocratique. Cependant, la situation reste critique pour les personnes défenseuses. En 2023, 5’900 attaques contre des défenseurs·euses des droits humains ont été signalées par l’UDEFEGUA. Les populations autochtones font face à des difficultés particulièrement importantes et sont victimes de menaces provenant du gouvernement et d’entreprises multinationales ayant des intérêts sur leurs terres. 

Témoignages poignants à Genève

Bernardo Caal Xol, représentant de la communauté maya Q’eqchi’ et militant pour le droit à la terre et aux ressources naturelles, et Lourdes Gómez Willis, professeure et avocate spécialisée dans les questions de protection des personnes défenseuses des droits des peuples autochtones, ont exprimé leurs inquiétudes et interpellé la communauté internationale lors de leur passage à Genève. Bernardo Caal a notamment dénoncé la criminalisation des personnes défenseuses des droits humains, dont il est lui-même victime. Emprisonné pendant quatre ans suite à son engagement pour la défense du territoire de sa communauté face aux intérêts économiques d’entreprises multinationales et du gouvernement, il rappelle à quel point la lutte des militant·e·s pour les droits humains est difficile en déclarant: «la douleur de la prison restera à jamais gravée sur mon visage». 

«La douleur de la prison restera à jamais gravée sur mon visage» - Bernardo Caal

Lourdes Gómez Willis a quant à elle souligné les conséquences catastrophiques des activités extractrices menées par les multinationales au Guatemala sur la situation des peuples autochtones. En plus de la dépossession de leurs terres ancestrales menant à des déplacements forcés, les conséquences climatiques des activités extractives sont nombreuses et rendent les populations autochtones vulnérables. Lourdes a insisté sur la nécessité d’adopter une approche intégrale concernant les violences liées aux activités extractives, rappelant les impacts disproportionnés dont souffrent les femmes et les enfants avec notamment une augmentation de la malnutrition, de la violence sexuelle et économique, ainsi que des féminicides. Dans cette idée, une exposition de photos a été organisée en marge du speaking tour et notamment présentée lors de notre événement public. Paisojos - contraction de paysage et yeux en espagnol - capture ainsi le courage et la force de femmes défenseuses des droits humains guatémaltèques.

Appel à l'action internationale

Ce speaking tour, organisé en collaboration avec ISHR, Amnesty et impunity Watch, a réuni non seulement Bernardo Caal Xol et Lourdes Gómez Willis, mais également Luis Haroldo Pacheco Gutiérrez, ex-président de l'organisation nationale autochtone des 48 cantons de Totonicapán. Ensemble, ils ont rencontré des représentant·e·s du DFAE, des ONG et de l’ONU, y compris quatre rapporteurs spéciaux, pour demander à la communauté internationale de maintenir son soutien et son suivi de la situation au Guatemala afin que les personnes défenseuses des droits humains puissent continuer leur travail décisif. Ils ont souligné les défis auxquels le nouveau gouvernement d’Arévalo doit faire face, notamment la co-optation du système judiciaire et la corruption, afin de garantir la sécurité des personnes défenseuses et l’inclusion des populations autochtones dans le débat démocratique. 

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