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Nicaragua : «L'exil nous rend vulnérables» - Xaviera Molina

Xaviera Molina
Emiliana

L'activiste Xaviera Molina a fui le Nicaragua en 2018 et réside depuis au Costa Rica. Dans un entretien avec PBI, elle évoque les nombreux obstacles auxquels elle est confrontée en exil, en soulignant les difficultés d'accès à la formation et au travail.

Xaviera Molina est une mère célibataire de deux enfants et vit en exil au Costa Rica depuis plus de cinq ans. Dans le cadre des manifestations de 2018 contre le gouvernement du Nicaragua, elle a dû fuir son pays. Comme elle n'a pas pu emporter ses bulletins de notes pendant sa fuite, elle a dû recommencer ses études. Mais elle n'a pas baissé les bras et a pu recommencé il y a une année des études pour devenir designer graphique, comme elle le faisait auparavant au Nicaragua. L'accès à l'éducation est fortement limité pour les Nicaraguayen·ne·s exilé·e·s au Costa Rica. Sans bourses, beaucoup ne peuvent pas se permettre d'étudier. 

Aucune protection contre les abus

«L'accès à l'emploi est très limité. Pour toutes les personnes migrantes, que ce soit pour raisons politiques ou économiques, c'est très compliqué.» 

Sur le marché du travail, la situation est aussi difficile que dans le système éducatif. La plupart n'obtiennent leur permis de travail qu'après plusieurs années et, même ensuite, ils sont confrontés à de nombreux défis. Les employeurs ne reconnaissent pas les titres étrangers et demandent plusieurs années d'expérience professionnelle ainsi que des lettres de recommandation. Une grande partie travaille donc de manière informelle, soit comme indépendant·e·s, soit comme employé·e·s. Mais dans ces conditions, les employeurs paient souvent moins que le salaire minimum, ne prennent pas en charge les assurances santé et il n'y a presque pas de protection contre les abus.

«Un jour de congé, mon patron m'a demandé ce que je faisais. Je lui ai répondu que j'étais occupée. Il voulait me voir pour obtenir des faveurs sexuelles et quand j'ai refusé, il m'a renvoyée.»

Soutien de la Red de Mujeres Pinoleras

Grâce au réseau Red de Mujeres Pinoleras, Xaviera est parvenue à surmonter les circonstances difficiles. Ce qui était à l'origine un réseau de partage pendant la pandémie s'est transformé en une organisation qui tient régulièrement un marché où les femmes nicaraguayennes en exil vendent leurs produits et leur nourriture, propose des ateliers sur les droits humains et l'entrepreneuriat et apporte son soutien dans les situations personnelles difficiles. Xaviera Molina conclut:

«Nous continuerons à construire des espaces d'apprentissage, car l'éducation fait la différence.»

Participation à la 54e session du Conseil des droits de l'homme

Xaviera Molina s'est rendue en Suisse avec Fernanda Martínez du 11 au 14 septembre 2023, dans le cadre d'une invitation de PBI, afin d'attirer l'attention sur la situation difficile des droits humains au Nicaragua et de l'exil au Costa Rica. Lors du Conseil des droits de l'homme des Nations unies à Genève, Fernanda Martínez s'est exprimée au nom de PBI sur les violations des droits humains et en particulier sur la situation des femmes au Nicaragua. Les deux activistes ont ensuite également rencontré trois représentantes du DFAE à Berne.

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