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Après cinq années, Kim-Mai Vu «passe le flambeau»

Kim-Mai Vu faisant une déclaration pour PBI au Conseil des droits de l'homme.
AR

Kim-Mai Vu a quitté son poste de plaidoyer à Genève chez PBI Suisse fin octobre 2022. Elle s’est entretenue avec Aïnoa Robert-Nicoud, stagiaire de PBI, sur les cinq années qu’elle a passées au sein de l’organisation. L’occasion de revenir sur ses impressions et les temps forts de son engagement.

1) Nous remontons le temps et nous nous trouvons cinq ans en arrière, lorsque tu venais de décider de t’engager auprès de PBI pour le plaidoyer à Genève. Pour quelle(s) raison(s) avais-tu fait ce choix ? Quelles étaient tes motivations ? Que voulais-tu apporter ?

Kim-Mai Vu : Lorsque j’ai déposé ma candidature pour PBI Suisse, je connaissais déjà bien PBI. J’avais fait un stage avec PBI Suisse et j’étais partie à deux reprises sur le terrain avec PBI Guatemala. J’étais donc très motivée à travailler pour cette organisation car j’étais convaincue de ses méthodes et de son impact positif pour la protection des personnes défenseuses des droits humains. Je désirais contribuer à mon échelle à l’amélioration de leur situation.

2) Quels ont été selon toi les plus grands défis et succès pour PBI au niveau du plaidoyer à Genève ces dernières années ?

Il faut savoir que le travail de plaidoyer est très intéressant, mais c’est aussi un engagement de longue haleine, pour lequel on ne voit pas forcément les résultats immédiatement. Cela peut donc représenter un grand défi et amener parfois de la frustration. J’ai aussi observé un rétrécissement de l’espace accordé à la société civile au niveau international, tant dans les pays où PBI est active, que dans les conférences internationales. Et sans oublier la pandémie de Covid-19, qui, en nous obligeant à passer toutes nos activités au mode virtuel, a rendu plus difficile l’instauration de relations de confiance avec nos partenaires et contacts. 

Cependant, PBI a aussi connu des grands succès pendant ces années. Notre engagement sans relâche au niveau du plaidoyer a porté ses fruits et nous avons réussi à renforcer la position de PBI dans la Genève internationale. Nous sommes désormais reconnu·e·s comme une organisation sérieuse, qui fournit un travail de qualité et qui est experte sur la situation des droits humains dans les pays où elle est active.

PBI a aussi su établir son réseau, ce qui a permis une forte collaboration avec d’autres ONG, des missions diplomatiques et l’ONU. Nous avons pu, par exemple, obtenir des réunions de haut niveau avec l’ancienne Haute-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, ou compter parmi les initiants de déclarations qui ont été ensuite signées par des centaines d’ONG. Ainsi, les thématiques sur lesquelles nous travaillons ont gagné en visibilité et en crédibilité. Aujourd’hui, c’est même parfois l’ONU qui fait directement appel à nous pour nous consulter. 

«Je passe le flambeau»

3) Pourrais-tu nous partager un moment qui t’a particulièrement marqué ?

Il est difficile d’en mettre qu’un seul en évidence, il y en a eu tellement. Mais je pense que ceux qui m’ont le plus marquée sont liés aux speaking tours organisés par PBI et qui m’ont permis de rencontrer personnellement des défenseurs·euses des droits humains. Je me rappelle des témoignages de femmes très inspirantes venues du Mexique, du Guatemala et du Kenya, qui se sont battues pour l’accès à la justice face aux disparitions forcées ou pour mettre fin aux violences basées sur le genre. Elles ont partagé avec nous les lourdes attaques physiques et personnelles, les diffamations et les tentatives d’assassinats ciblées dont elles étaient victimes. Je repense au mépris auquel elles font face quotidiennement, notamment de la part des forces de l’ordre. Ce sont finalement ces témoignages très difficiles, ces échanges personnels et les histoires de vies racontées qui ont été la partie la plus inspirante du travail.  

4) Quel encouragement aimerais-tu laisser aux défenseurs·euses des droits humains ?

«J’essaie de faire en sorte que la lutte des défenseurs·euses des droits humains ne soit pas oubliée»

Au cours de mon engagement, j’ai essayé de faire en sorte que leur lutte ne soit pas oubliée et que leurs voix se fassent entendre sur la scène internationale. Je voudrais leur dire que même si cela prend du temps de rendre visible leur réalité, nous sommes avec eux·elles; ils et elles ne sont pas seul·e·s. Face à leur situation critique et face à l’impunité de graves violations des droits humains, je souhaiterais leur adresser un message de solidarité.

Kim-Mai Vu est, depuis novembre 2022, collaboratrice scientifique auprès de DFAE à Berne, spécialisée sur les droits des femmes. Yannick Wild rejoindra l'équipe de PBI Suisse comme responsable de plaidoyer début 2023.