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Guatemala: la résistance du peuple Chorti

Guatemala: La résistance du peuple Chorti

Norma Sancir est chargée de communication pour l’organisation guatémaltèque Central Campesina Chorti Nuevo Dia (CCCND), organisation accompagnée par PBI. Elle était à Genève pour le Conseil des droits de l’homme de l’ONU et a raconté à PBI son engagement auprès du peuple autochtone Chorti.

À l’ouest du Guatemala se trouve le territoire de la population Chorti, dans le « corredor seco », région qui connaît beaucoup de sécheresse, dramatique pour ce peuple d’agriculteurs et dont l’ampleur a été encore renforcée ces dernières années avec l’arrivée de mégaprojets. Des entreprises, essentiellement à capitaux étrangers, ont apparu dans la région, notamment une mine d’antimoine à Olopa. L’exploitation du terrain a entrainé une précarisation encore plus grande des autochtones, un déboisement important, une pollution des sols et des eaux et l’apparition de maladies nouvelles.  « Déjà précaire à cause du racisme et des discriminations subis sans cesse, la situation des Chorti s’est détériorée depuis 8 ans, expose Norma Sancir. Les droits à la consultation sont bafoués pour accorder des concessions aux entreprises et en plus les communautés sont fractionnées en raison de toute la désinformation que font les entreprises. La dynamique de paix et la solidarité qui caractérisent cette population sont en péril. »

« Je saisis toutes les opportunités pour attirer l'attention sur ce qui se passe à Olopa »

Pour appuyer la résistance communautaire, CCCND effectue notamment beaucoup de communication autour des mégaprojets, la préservation de l’environnement et la situation des indigènes Chorti. « J’habite avec la communauté à Olopa, proche de la mine et des manifestations contre l’entreprise. J’y suis identifiée comme journaliste – qui est mon premier métier – et je saisis toutes les opportunités pour faire connaître au reste du pays et à l’extérieur ce qui se passe dans cette région », ajoute Norma Sancir. Les actes de violence contre l’organisation Chorti Nuevo Dia se sont multipliés cette dernière année, avec notamment une attaque à la maison du directeur Omar Jerónimo, dont le frère a également été assassiné cette année. L’organisation fait aussi l’objet de diffamation, accusée d’avoir assassiné des travailleurs d’un autre mégaprojet, une autoroute reliant les océans Pacifique et Atlantique et traversant la région chorti. Trois employés du chantier ont été tués début juillet, et des membres de CCCND sont soupçonnés. À ce jour, les réels coupables n’ont pas été identifiés. « Dans ces circonstances, le soutien de PBI est très précieux, poursuit Norma Sancir. Psychologiquement déjà, on se sent plus en sécurité. On est pris au sérieux par les autorités, on sait que les informations vont être relayées et les risques d’attaques baissent car les agresseurs ont conscience que nous ne sommes pas seuls. »

Selon l’activiste, la situation ne va pas s’améliorer avec l’arrivée au pouvoir en janvier 2020 du nouveau président, Alejandro Giammattei, qui se profile dans la continuité de Jimmy Morales : « Il a déjà annoncé un développement du pays qui passe par le renforcement des mégaprojets hydroélectriques, les concessions minières et l’intensification de la monoculture. Or ce ne sont jamais les populations autochtones qui bénéficient des retombées économiques de ce genre de développement. »