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Colombie: Répression armée des protestations à Buenaventura

IW

La situation à Buenaventura, qui héberge le port le plus lucratif de Colombie, s’aggrave de jour en jour. La population proteste contre les violations de ses droits sociaux et civils via une grève générale et un blocus du port. En réponse, la ville a envoyé les forces armées qui ont violemment maitrisé les protestataires, faisant plusieurs blessés au passage.

La ville de Buenaventura, située dans le département de Valle del Cauca, possède le port le plus important de la Colombie dans l’océan Pacifique. Celui-ci représente près de 60% des imports et exports marins de la Colombie et représente une part essentielle de l’économie du pays. Le nom Buenaventura signifie « bonne fortune » en espagnol, ce que certains pourraient attribuer à la présence du port. Cependant, la ville comporte une facette bien plus sombre et en contradiction avec son nom.

Les droits civils de la population afro-colombienne bafoués

En effet, la position stratégique de la ville en a fait un lieu de lutte entre les différents gangs et groupes armés qui s’en disputent le contrôle, en particulier pour le port. Ainsi, Buenaventura présente de forts taux de violence, de pauvreté et d’inégalités. De plus, elle est considérée comme une plaque tournante du trafic de cocaïne en Colombie.

Par ailleurs, la ville comprend une large communauté afro-colombienne (près de 85% de sa population). Les droits économiques, sociaux et culturels (DESC) de cette communauté sont fortement mis à mal et négligés par le gouvernement de la ville. En clair, près de 400'000 personnes n’ont pas accès à l’eau potable, le taux de chômage y est très élevé (62%) et l’éducation reste un luxe pour beaucoup. De plus, le gouvernement est fortement corrompu : les trois derniers maires sont en prison pour corruption et l’actuel est visé par une enquête policière. Tout cela génère un racisme diffus et de fortes tensions au sein de la population.

Violence des forces armées envers les protestataires

Suite à plusieurs vaines demandes auprès du gouvernement pour que celui-ci sonne l’état d’urgence sociale afin de débloquer des fonds en lien avec les DESC, une grève générale a été mise en place depuis le 16 mai. De plus, la population civile a décidé de frapper directement au cœur de l’économie de la ville en bloquant le port. Cette action est très coûteuse pour l’économie colombienne car toutes les activités portuaires sont suspendues.

Cependant, le comité en charge de la grève civile de Buenaventura a rapporté des actes de répression violents et un usage excessif de la force par l'armée, 300 personnes ont notamment été blessées suite à l’usage de gaz lacrymogène. Les leaders de la protestation sont particulièrement menacés et certains ont déjà été tués. Les actions du gouvernement de la ville représentent une violation claire du droit fondamental de manifestation et de rassemblement et ont été dénoncées par plusieurs organisations nationales et internationales, dont PBI.

PBI Colombie: Dieciocho días de protesta social muestran las dos caras de Buenaventura (en espagnol)